Nous grandissons tous avec des certitudes sur l’apprentissage des langues : il faut avoir des bases en grammaire, apprendre toutes les conjugaisons, faire des exercices écrits, faire ses devoirs et passer des contrôles.
En France particulièrement nous appliquons ce système et les résultats sont simplement catastrophiques : nous sommes un des pays d’Europe de l’Ouest avec le niveau le plus bas en anglais, par exemple.
Je suis quelqu’un qui n’a jamais réussi à s’adapter à l’école. Mon habitude de réfléchir différemment, de toujours me demander pourquoi « on fait comme ça » ainsi que ma passion pour les langues m’a amené à essayer de comprendre ce qui donnait des résultats, et ce qui n’en donnait pas.
J’ai essayé (et j’essaie encore) des tonnes de méthodes, d’applications, sites web pour voir ce qui se fait de mieux, ce qui a du sens, un fondement scientifique, des expériences pour le prouver, qui donne des résultats et dans quelles conditions. Pour tout vous dire, je fais plus d’expériences avec le russe que de réel apprentissage Image may be NSFW.
Clik here to view.
Je m’intéresse particulièrement à l’attitude de ceux qui apprennent les langues rapidement (en quelques mois) et qui en apprennent beaucoup (les polyglottes et hyper-polyglottes). Constatation numéro 1: Ce sont des gens normaux, pas des génies nés comme ça. À vrai dire, beaucoup d’entre eux ne parlaient qu’une langue jusqu’à leur vingtaine.
Constatation numéro 2: Presque aucun d’entre eux n’utilise les méthodes « classiques » d’apprentissage. Ils utilisent des outils simples, comme des flashcards, des journaux de langue, des guides de conversation ou simplement parler avec des natifs …
Constatation numéro 3: Leur approche est contre-intuitive pour la plupart des gens. C’est d’ailleurs peut être la raison pour laquelle finalement peu d’écoles ou de méthodes les utilisent. Car elles ne donnent pas aux gens ce à quoi ils s’attendent et c’est donc plus difficile à transmettre.
J’ai donc décidé de vous faire un article sur 3 choses contre-intuitives mais qui peuvent radicalement améliorer votre progression en russe.
Je préfère vous prévenir, c’est comme si on retournait totalement la façon d’apprendre les langues de façon classique, en commençant par la fin.
Idée reçue n°1 : Attendre d’avoir de « bonnes bases » pour parler
« Speak from day one! »
« Parlez dès le premier jour ! »
Benny Lewis, polyglotte (parle 11 langues) site web: http://www.fluentin3months.com
Je l’ai déjà écrit dans un autre article : Vous ne vous sentirez jamais prêt pour parler. On a toujours peur de se lancer et étudier la langue est en fait bien souvent une forme de procrastination.
Attendre trop longtemps avant de se lancer et d’avoir sa première conversation dans la langue a aussi un effet néfaste sur la prononciation. Si vous vous entraînez seul, et surtout que vous lisez beaucoup vous allez avoir une prononciation faussée : vous allez faire des erreurs et surtout vous n’allez pas comprendre la langue lorsqu’elle est parlée à une vitesse réelle.
Idée reçue n°2 Apprendre la grammaire pour ensuite pouvoir parler.
« You don’t need to study grammar to learn to speak a foreign language »
« Vous n’avez pas à étudier la grammaire pour parler une langue étrangère »
Donovan Daniel, Polyglotte (site web: www.themezzofantiguild.com)
Je parle ici d’apprendre la grammaire et savoir l’utiliser pour le russe. La grammaire russe est compliquée et met du temps à apprendre (je ne vais pas vous mentir) Au bout de 3 ans je la comprends et j’arrive à l’utiliser correctement. Mais ça n’est pas parce que j’ai étudié la grammaire pendant 3 ans, c’est parce que j’ai parlé, répété et corrigé ma façon de parler. La grammaire aide à comprendre des expressions, des phrases, des structures que l’on utilise déjà.
Ma situation n’est pas isolée. On remarque qu’une grammaire sans application est rapidement oubliée, et beaucoup plus difficile à apprendre. L’acquisition d’une nouvelle langue peut se faire de façon beaucoup plus instinctives, comme chez les enfants. Vous n’avez pas appris les concepts de grammaire avant de parler lorsque vous étiez un enfant, pourtant ça ne vous a pas empêché de parler. Posez-vous la question : à quel âge on apprend la grammaire de sa langue maternelle et pourquoi ?
On apprend la grammaire vers 7-8 ans, dans le but de mieux comprendre le fonctionnement d’une langue qu’on utilise déjà. Cela permet de corriger des erreurs courantes, mais aussi de mieux s’exprimer à l’écrit.
Pourquoi ne pas avoir la même approche avec le russe ? Parlez, faites des erreurs et ouvrez votre livre de grammaire de temps en temps pour comprendre la logique. C’est ce que fait la méthode Assimil, par exemple.
En somme : Si vous voulez utilisez les déclinaisons correctement et rapidement, n’apprenez pas par coeur un tableau de déclinaisons.
Idée reçue n°3 : Apprendre beaucoup, parler bien.
« What you learn is more important than how you learn it »
« Ce que vous apprenez est plus important que comment vous l’apprenez »
Tim Ferris, auteur, spécialiste de l’apprentissage accéléré
Pour ce que vous apprenez : privilégiez la qualité. Il y a trop souvent des situations dans lesquelles on se laisse aller à apprendre des listes de mots sans réfléchir à leur utilité. Oui, je vous parle des parties du corps ou des noms des fruits. C’est un exemple typique. On peut très bien se débrouiller dans une langue avec 300 mots, seulement il faut bien les choisir.
L’article que vous êtes en train de lire fait 1083 mots de long mais contient seulement 301 mots différents. Il faut aurait suffit d’apprendre ces mots là en russe pour lire un article équivalent. Pourtant, je ne parle pas de choses très basiques.
Pour apprendre du vocabulaire de qualité dès le début, demandez-vous à chaque fois : « Est-ce que je vais avoir besoin de savoir dire ça dans les situations dans lesquelles je veux parler russe ? » N’apprenez pas des mots « au cas où » au début.
Vous pouvez par exemple apprendre la liste des 100 mots les plus fréquents pour commencer.
Quand vous parlez : parlez beaucoup, même si vous parlez mal. Les erreurs vous permettent de vous améliorer (en vous faisant corriger) mais surtout de vous habituer à vous exposer, à prendre des risques. N’ayez pas peur de dire des âneries, oubliez tout ce qu’on vous a dit à l’école et commencez à apprendre une langue de façon naturelle. Attends-t-on des enfants de parler parfaitement dès le premier mot ? Bien sûr que non. Vous aussi vous avez le droit d’échouez jusqu’à atteindre le niveau que vous voulez, alors oubliez la perfection et laissez vous progresser !
« If you want to increase your success rate, double your failure rate. »
« Si vous voulez augmenter votre taux de succès, doublez votre taux d’échec »
Thomas J. Watson
Compteur de mots du texte : http://textalyser.net/index.php?lang=en#analysis
The post 3 idées reçues contre-productives pour apprendre le russe (et n’importe quelle langue) appeared first on Le Russe Facile.